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SOIF D AILLEURS
18 mars 2009

LA CONCESSION FRANCAISE DE SHANGHAI (3)

Je déambule maintenant dans les rues de la concession française.

shanghai_concession06

Je découvre ici une atmosphère tout à fait différente et j’en comprendrai les raisons lorsqu’on m’expliquera l’histoire de l’endroit que je vous restitue ici de manière condensée.

Le principe des concessions étrangères en Chine et à Shanghai en particulier, vit le jour en 1843 à l’issue de la première guerre de l’opium.

Pour expliquer brièvement le contexte : la Compagnie britannique des Indes Orientales ayant cessé son activité commerciale, cela laissa le champ libre à des hommes d’affaires indépendants. Déjà à cette époque, les occidentaux importaient beaucoup plus en Chine qu’ils n’exportaient.

Pour rééquilibrer la balance commerciale, les occidentaux se lancèrent dans le commerce de l’opium. La demande chinoise atteignant alors un point tel que la balance commerciale du pays s’inversa.

Comme à cette époque le système monétaire est basé sur du métal (notamment l’argent). Le pays commence à se ruiner, la dépression économique et la dégradation par la drogue prennent pied dans le pays.

En réaction, les autorités chinoises interdirent l’importation d’opium, ce qui provoqua la rage des occidentaux faisant alors leur fortune sur ce trafic. Un affrontement militaire se déclencha à la suite de la destruction d’une cargaison d’opium par les chinois. En infériorité, les chinois durent céder et signèrent un traité en  autorisant l’implantation de concessions étrangères dans le pays.

shanghai_concession04

La première concession fut donc celle de Grande Bretagne, en 1845. Dotée initialement d’une superficie de 199 ha, elle s’étendit ensuite jusqu’en 1899 dans le secteur nord de Shanghai en association avec la concession américaine, formant ainsi la concession dite internationale.

Les Français voulurent rester indépendants de la Concession Internationale, et les accords conclus avec les autorités chinoises, leur octroya en 1849, tout d’abord 66ha. Des extensions successives par l’ouest conduiront à couvrir finalement 1000ha en 1914.

Les deux concessions se développeront de façon indépendante et de manière totalement différente. La concession internationale était plus ouverte aux étrangers dans la mesure où leur pays y était représenté par un consul, alors que la concession française favorisait ses propres représentants. Par ailleurs la disposition géographique des deux concessions montre à l’évidence une plus large ouverture de la concession internationale sur l’extérieur avec un débouché sur la rivière Hangpu plus de huit fois plus important.

Au fil du temps, et en conséquence de ce qui précède, la concession internationale deviendra un centre d’affaire et la concession française, un secteur plutôt résidentiel.

Les prémices d’une fin des concessions étrangères apparurent dès la fin de la première guerre mondiale. A l’évidence, les étrangers avaient quelque peu outrepassés les droits que leur avaient octroyés les traités originels.

Ces débordements furent largement exploités par la propagande japonaise dénonçant l’ingérence étrangère.

Lors de l’occupation japonaise de la dernière guerre mondiale, les concessions se trouvèrent totalement isolées et alors qu’une grave crise s’installait, les autorités françaises décidèrent en 1943, de renoncer à leurs droits sur la concession.

Durant la période maoïste, Shanghai qui gardait l’image d’un berceau capitaliste fut mise sous l’éteignoir et ce n’est que depuis l’ouverture de la Chine sur le monde occidentale dans les années 1980, que Shanghai à repris une certaine autonomie de gestion et une place prépondérante dans la vie économique du pays. Il s’en suivi le boom que l’on connait avec ses constructions ininterrompues d’immenses buildings.

On pouvait craindre alors que toute trace du passé allait disparaître. Mais prenant conscience que cela conduisait à une destruction totale de la mémoire de Shanghai, la municipalité a donc décidé de préserver ce qui restait de cette époque des concessions. En particulier, la concession française, lieu résidentiel où subsistait de très belles demeures.

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Aujourd’hui un vaste programme de réhabilitation est entrepris. Shanghai est à la reconquête de son passé. La concession française est devenue un lieu de résidence recherché par les riches shanghaiais.

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Avec ses petits immeubles, ses pavillons, ses boutiques et restaurants dans des rues bordées de platanes on retrouve une ambiance qui nous est familière et, le long du chemin, je me surprends à imaginer la vie d’autrefois dans ces rues Joffre ou Lafayette aujourd’hui rebaptisées.

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On ressent finalement une certaine fierté à retrouver à 10000km de notre pays, un petit territoire aux airs de France qui a eu la chance, avec le soutien des autorités locales, de résister à l’appétit glouton de l’urbanisme moderne. En somme, un petit village d’Astérix au pays du dragon céleste !!!

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