RWANDA RD CONGO 2011 (2) GOMA ET LE LAC KIVU
A une centaine de mètres du poste frontière, nous rejoignons notre hôtel.
Le luxe de l’hôtel Ihusi masque une toute autre réalité.
Goma n’est pas à proprement parler une ville ou il fait bon vivre et ou chacun souhaiterait y passer une retraite heureuse. Vivre ici c’est affronter en permanence trois risques majeurs.
Tout d’abord, l’insécurité liée à la misère et aux interminables conflits ethnico politique qui sévissent dans cette région du Nord Kivu aux confins du Congo, du Rwanda et de l’Ouganda. Je ne m’étendrai pas sur ce sujet, mais la tension est palpable malgré une nette amélioration ces derniers temps.
Les deux autres risques sont indépendants de l’homme et d’origine géochimique, tectonique et volcanique.
Goma est coincé entre la menace permanente des volcans Nyiragongo et Nyamuragira au nord et celle du lac Kivu au sud. Ces deux dangers pouvant d’ailleurs être liés.
Je reviendrai sur le Nyiragongo plus tard, mais voyons en quoi ce lac Kivu au bord duquel notre hôtel se situe, est un danger pour Goma.
Ce lac fait partie de la branche Ouest du Rift Est Africain, comme le lac Tanganyika au sud et le lac Edward au nord. Il est donc sur une cassure de l’écorce terrestre.
Situé à une altitude de 1460m, Le lac Kivu couvre une superficie de 2700km2 et est bordé par deux pays : Congo Kinshasa à l’ouest et Rwanda à l’est. Sa profondeur atteint près de 500m.
Des études ont montré que son eau renfermait des proportions considérables de gaz carbonique (CO2) et de méthane (CH4) à des profondeurs au-delà de 260m, avec un pic de concentration vers 300m. Ainsi on estime à 256km3 et 65km3 respectivement les volumes de gaz carbonique et de méthane dissous en conditions normales de température et pression, pour un volume global du lac de 560km3
source: Pr M Halbwachs / upegaz
source: Pr M Halbwachs/ upegaz
source: Dr Schoell, Tietze, Schoberth
Compte tenu de la pression et de la température qui règnent à ces profondeurs, ces gaz sont dissous et restent inoffensifs. Mai si d’aventure, des séismes importants ou des éruptions phréatiques provenant d’édifices volcaniques sous marin ou bien si de la lave venant des volcans Nyiragongo ou Nyamuragira venait à atteindre les couches profondes du lac, les conditions d’équilibre pourraient être rompues et provoquer, par un effet « bouteille de champagne », un dégazage incontrôlable et dévastateur du lac. Il s’en suivrait une hécatombe humaine et un désastre écologique sans précédent, car le gaz ainsi dégagé plus lourd que l’air s’accumulerait tout autour du lac et asphyxierait tout être vivant.
Ce désastre serait du même type que celui survenu au lac Nyos au Cameroun en août 1986 où 1746 personnes avaient trouvés la mort.
Ce risque connu est aussi une opportunité, car l’exploitation de ce gisement de méthane par siphonage (environ 35km3 extractibles sans tenir compte du rechargement permanent du lac à raison de 125 à 250 Millions de m3/an) pourrait être une aubaine pour le Rwanda notamment, qui ne dispose pas de ressources énergétiques autres que l’importation ou le bois de ses montagnes.
La déforestation étant un problème majeur pour le maintien de la biodiversité (gorilles, éléphants et autres espèces) dans cette région du monde, on comprend l’importance du sujet. Cela permettrait de sauver les espèces et de fournir une source quasi inépuisable d’énergie pour le pays.
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